La sortie aux roches Tuilière et Sanadoire était initialement prévue il y a quelques mois mais un important épisode neigeux nous avait contraint à la reporter. Cette balade a finalement pu se tenir le samedi 10 mai 2025. C’est Muriel Laubier, enseignante-chercheuse au laboratoire magmas et volcans (LMV) qui a animé cette journée. Cette date peu adaptée à l’emploi du temps étudiant, n’a permis de réunir que trois adhérents.

Nous sommes partis en début d’après-midi de Clermont en direction du col de Guéry à proximité de Rochefort Montagne. La balade commence par un point de vue grandiose sur la roche Sanadoire.

Ce moment d’observation fut aussi l’occasion de discuter de la formation de ces deux roches. Elles datent de 2 millions d’années environ et ont été mises en valeur par le jeu de l’érosion, les roches, plus dures étant restées en place. Il s’agit d’un type de roche volcanique nommé phonolite. Ce nom n’est pas anodin puisqu’il renseigne sur une caractéristique étonnante : le son qu’émettent les roches lorsqu’elles sont choquées entre elles, un son un peu creux surprenant alors que c’est une pierre très dense. Sa couleur assez claire peut montrer des teintes bleutées. Elle est issue d’un magma différencié, basique qui a perdu quelques éléments foncés comme le fer ou le magnésium. Sa proportion de silice a donc augmenté donnant une viscosité plus importante lors de l’éruption pour former ces dômes de lave “pâteuse” et claire. Ensuite, un refroidissement lent a conduit à la rétractation des matériaux et la formation de structures hexagonales, les orgues phonolitiques. Un point remarquable est l’orientation de ces orgues : la roche Tuilière les a dirigées verticalement donnant un aspect classique des édifices en orgues. Par contre, les orgues sont horizontales sur la Sanadoire. On a alors du mal à les voir sur celle-ci puisque uniquement les sections hexagonales (de base ou de sommet) nous sont visibles. La direction que prennent les orgues lors du refroidissement est un sujet assez complexe lié notamment aux surfaces de refroidissement et à la nature du magma.

La balade s’est ensuite poursuivie dans la forêt au pied des roches, dans la vallée de Fontsalade. Nous avons retracé l’histoire géologique globale de la région et avons aussi pu faire une belle observation d’affleurement de pierre ponce issue de la “grande nappe” : une impressionnante éruption il y a 3 millions d’années à quelques kilomètres dans les Monts Dores relargant cendres et ponces sur 100 km² autour. Cette couche est visible par exemple à Rochefort Montagne où un affleurement clair de 10 mètres de haut a été mis au jour dans une carrière.

Nous nous sommes ensuite arrêtés au pied de la roche Sanadoire où un très gros amas de pierre s’est accumulé au fil des siècles. La roche est naturellement victime de l’érosion et des effets du gel/dégel qui la déciment petit à petit. A ce niveau, on peut observer les orgues horizontales mais plissées, comme si elles avaient subi des forces transversales durant le refroidissement, quelque chose encore sujet à interprétation selon notre intervenante.
La randonnée s’est terminée vers 17h30, un peu de pluie est venu nous rafraîchir mais la météo est restée agréable dans l’ensemble.
Nous remercions chaleureusement Muriel Laubier pour cette sortie et toutes ses informations et remarques fascinantes sur l’histoire géologique de la région nous offrant aujourd’hui les paysages que l’on connaît.
Covoiturage : Muriel Laubier
Photos : Ambre Durin
Compte-rendu : Kévin Gatignol
