Nous étions quatorze adhérents de l’association réunis du côté de Besse le samedi 23 mars 2024 dans le cadre de notre sortie sur le thème des tourbières. Comme souvent, nous avons partagé la journée en deux parties avec une sortie généraliste le matin puis l’événement thématique l’après-midi.
Nous sommes partis de Clermont à 9h30 et arrivés sur la commune de Saint-Diéry en milieu de matinée pour une balade au lieu-dit Creste. C’est un petit village qui domine la vallée de la Couze Pavin. La vue y est superbe avec un panorama sur tout le massif du Sancy, les gorges de Courgoul et une partie de la Limagne. Nous avions en plus la chance d’avoir un beau soleil pour nous accompagner malgré les températures fraîches. La randonnée a duré deux heures environ sur la ligne de crête. De belles observations ont pu être faites avec les premières floraisons et les chants d’oiseaux qui commencent à bien se faire entendre. Parmi les oiseaux, nous avons pu identifier Milan noir, Milan royal, Grand corbeau, Circaète Jean-le-Blanc, Rougegorge famillier, Pouillot véloce, entre autres. Les férus de botanique se sont plu à identifier quelques espèces également : Orchis mâle, Genêt poilu, Alysson par exemple.
Vue vers le sud depuis Creste, avec le pic de Brionnet.
Vue depuis Creste, le massif du Sancy.
Orchis mâle
Après cette riche balade nous sommes partis pique-niquer au bord du lac Pavin. L’ambiance était assez fraîche avec un vent piquant. Le cadre en valait bien la peine et nous avons encore pu observer quelques espèces : Grand cormoran, Goéland sp, Pinson des arbres, Petasites sp.
A 14h nous sommes finalement arrivés au point de rendez-vous fixé par monsieur Pierre Goubet, notre intervenant du jour.
En tant qu’écologue, expert des écosystèmes et plus particulièrement des tourbières, nous n’avons pas hésité à faire appel à lui. Il tient d’ailleurs des liens étroits avec l’université puisqu’il s’occupe des sorties tourbières pour plusieurs formations de master.
C’est la tourbière des Costes, à proximité du lac Pavin qui a été choisie. Une zone où la turfigénèse (formation de la tourbe) a débuté il y a plus de 6000 ans. Nous avons dans un premier temps discuté des facteurs nécessaires à la formation des tourbières. Le discours s’est ensuite orienté vers cette zone particulière en mettant en relation la tourbière, la topographie des lieux et la présence d’une nappe souterraine.
En résumé, peu d’espèces végétales peuplent cette tourbière. On retrouve entre autres des buttes de Canche et de Jonc, de la Linaigrette ou encore de la Callune, une espèce ressemblant à la bruyère. La tourbière est bombée vers l’intérieur ce qui favorise les ruissellements sur les côtés alors que le centre paraît sec au premier abord. Pierre Goubet nous a ensuite proposé de faire un carottage dans le sol. Aucun d’entre nous n’avait encore eu la chance d’en faire. La tourbe est présente jusqu’à 2m50 de profondeur ici ! Il a fallu s’y reprendre à cinq reprises pour extraire toute la carotte. On a ensuite décrit puis interprété les résultats.
Au plus bas, à 2m50, on tombe sur une épaisse couche d’argile verte, des dépôts vieux de plus de 6000 ans qui ont permis d’étanchéifier la zone. Vient ensuite la tourbe qui s’accumule, emprisonnant avec elle des débris de roseaux ou de bouleaux sur une première partie. Cette épaisseur humide et très fibreuse laisse nettement la place à une couche plus compacte où on peut retrouver des sphaignes et d’autres mousses. Cette démarcation témoigne d’un changement brutal, la zone passant des roseaux/bouleaux aux mousses. Plusieurs interprétations peuvent être faites mais l’assèchement de la nappe souterraine pourrait expliquer cette évolution. Enfin, à 20/30 cm du sol, au plus haut de la carotte, une marque bien nette apparaît témoignant d’un nouveau profond changement en surface : la mise en place de pâturage il y a quelques siècles. Depuis, la turfigénèse est à l’arrêt, une couche argileuse s’est formée et la tourbe ne s’accumule plus.
Le paramètre du pâturage et de l’exploitation du sol est donc primordial pour ces milieux fragiles. Pierre Goubet travaille actuellement sur des techniques pour relancer des tourbières ainsi dégradées.
Les abords noyés de la tourbière
Pierre et Antonin en plein carottage
Le bas de la carotte, à 2m50 de profondeur, on voit bien la couche d’argile verte au fond de la toubière.
Linaigrette
Nous avons terminé notre journée par la visite du lac Estivadoux à quelques kilomètres de là, une ancienne tourbière noyée par des changements topographiques naturels.
Lac Estivadoux
Nous étions de retour à Clermont à 18h30 après une journée bien remplie !
Nous adressons nos sincères remerciements à Pierre Goubet, pour sa disponibilité et sa pédagogie.
Photos : Ambre Durin, Chelsy Jaleme, Antonin Voisin, Isis Alexandre
Covoiturage : Ambre Durin, Isis Alexandre, Flavie Grunchec
Organisation et rédaction du CR : Kévin Gatignol